Emmanuel Macron serait-il le Monsieur
Jourdain de la repentance ?
par Thierry ROLANDO
« Ni excuses, ni repentance »,
tel fut le message délivré par l'Élysée à l'occasion
de la remise du rapport Stora à Emmanuel Macron.
« La repentance est vanité, la
reconnaissance est vérité. Et la vérité ce sont les
actes », assène-t-on de manière péremptoire dans
l'entourage présidentiel.
Sur ce point, nous pouvons être
d'accord, la vérité ce sont les actes et ces actes
parlent d'eux-mêmes.
Et ils nous conduisent à constater,
qu'après son indigne assimilation de la présence
française en Algérie à un « crime contre l'humanité »,
Emmanuel Macron n'aura pas été le chantre de l'équité
mémorielle.
Reconnaissance de la disparition du
militant communiste Maurice Audin, restitution des
crânes des combattants algériens, ouverture
unilatérale des archives, reconnaissance de la
responsabilité de la responsabilité de la France dans
la mort de l'avocat FLN Ali Boumendjel, nomination de
Benjamin Stora. Une seule mémoire, une seule vision de
l'histoire, telle est la démarche du chef de l'Etat,
qui entend jalonner la fin de son mandat d'autres
signaux identiques.
La panthéonisation de Gisèle Halimi,
l'hommage aux intellectuels du FLN, la relance du
musée de la repentance de Montpellier, la
reconnaissance de la journée de manifestation du FLN
du 17 octobre 1961, seront à n'en pas douter, les
prochaines étapes de la pièce qu'il entend jouer.
Mais rassurons-nous, il n'y a nulle
excuse et nulle repentance dans tout cela.
Emmanuel Macron est donc un peu comme
Monsieur Jourdain dans « Le bourgeois gentilhomme" qui
faisait de la prose le savoir, il fait de la
repentance sans le vouloir.
Là encore, les actes parlent d'eux-mêmes
et que disent-ils... qu'Emmanuel Macron, qui veut sans
doute laisser son nom dans l'histoire comme « l'homme
de la réconciliation avec l'Algérie », n'aura réussi
finalement, en louant certaines mémoires et en en
méprisant d'autres, celles des Pieds-Noirs, des harkis
et de beaucoup d'anciens combattants, qu'à attiser la
haine de soi et donc de notre pays, et à fracturer un
peu plus une France menacée de séparatisme.
Il n'aura pas pris conscience que
l'amitié entre les peuples français et algériens ne se
décrète pas par une démarche unilatérale, alors même
qu'il y a tant de mémoires blessées et en souffrance
de part et d'autre. Il n'aura pas compris que l'équité
des mémoires est la clé de cette amitié future avec
l'Algérie et que ce pays doit aussi accomplir son
chemin de vérité et reconnaître sa part d'ombre.
Emmanuel Macron n'aura pas saisi que la
repentance est un puits sans fin et sans fond, qui ne
connaît jamais d'aboutissement et qui pousse à exiger
toujours plus de celui qui se repent.
Il n'aura pas, enfin, été à la hauteur
de sa mission de chef de l'Etat qui doit rassembler et
cimenter la Nation plutôt que d'en aviver les
fractures, ce qui exige pour cela qu'il faille, comme
il le proposait lui-même, regarder l'histoire en face,
mais bien toute l'histoire. Monsieur le Président,
pour frayer le chemin de l'avenir.
Thierry Rolando
Président national du Cercle algértamste
Le 19
mars,
la culpabilisation et la conquête des esprits
par Evelyne Joyaux
« Par la menace implicite
qu’elle exerce et la peur qu’elle suscite, la
culpabilisation permet au manipulateur d’obtenir
des concessions.
Alexandre Del Valle
« L’homme qui se sent coupable perd en même
temps son efficacité et le sens de son combat.
Convaincre l’homme que, sinon lui-même, du moins
ceux qui sont de son côté commettent des actes
immoraux, injustes, c’est amener la
désintégration du groupe auquel il appartient.
Roger Mucchielli - La Subversion
Sous la Présidence de Jacques Chirac,
une loi votée en 2005 a fixé au 5 décembre de chaque
année l’hommage aux Morts pour la France en Algérie.
Pour le Chef de l’Etat cette date correspondait à
l’anniversaire de l’inauguration du Mémorial édifié à
leur mémoire, en 2002, quai Branly, à Paris. Elle ne se rattachait donc à aucun
évènement politique ou à aucune tragédie spécifique
dont le choix, ou l’interprétation, auraient été
susceptibles de diviser les Français.
En 2020, le
Président Macron a mis en marche le processus inverse.
Il a réactivé les anciennes fractures en désignant M
Stora, figure emblématique de l’histoire militante,
pour le conseiller dans la sélection de nouveaux
repères relatifs à notre histoire en Algérie.
Avant même de
lire le rapport rédigé par ce dernier, nous savions
que la commémoration du 19 mars, date du «
Cessez-le-feu » et des Accords d’Evian, ferait partie
de ses propositions. C’est en effet la première citée,
sans qu’il soit fait référence aux causes de
l’opposition qu’elle a toujours suscitée.
Par contre, quelques jours avant la 19
mars 2021, l’accusation portée par le Président de la
République française contre son armée pour l’exécution
d’un avocat du FLN, lors de la Bataille d’Alger en
1957, était imprévue. Nous n’avons pas appris que M.
Macron attendait une démarche semblable de la part de
l’Algérie concernant l’assassinat des enfants
d’El-Halia, les victimes des bombes du Milk-Bar ou du
Casino de la Corniche, pour ne citer qu’eux.
La commémoration du 19 mars est
devenue une arme politique. Elle ne l’était pas après
1962 comme le déclarait devant l’Assemblée Nationale
le député du Tarn Jacques Limouzy : «Personne, -je
dis bien personne, n’aurait alors songé à illustrer
d’une manière particulière ce 19 mars». Il
ajoutait que le nouveau Premier ministre d’alors,
Georges Pompidou, avait fait deux déclarations devant
cette même Assemblée pour l’alerter sur «…toutes
sortes d’exactions, d’internements arbitraires, de
rapts, de massacres, et notamment de Harkis bientôt
impossibles à chiffrer». On établira plus tard
qu’ils firent beaucoup plus de victimes que celles
dénombrées depuis le 1er novembre 1954.
De Valéry Giscard d’Estaing à Jacques
Chirac et Nicolas Sarkozy, les Présidents successifs
ont tous écarté l’idée d’une « célébration » du 19
mars.
On est donc en droit de s’interroger
sur l’objectif de ceux qui reviennent sans cesse à la
charge pour l’obtenir. Avec sa subtilité habituelle le
Président François Mitterrand ne nous indique-t-il pas
qu’il faut en chercher les raisons lorsqu’il déclare:
«S’il s’agit de décider qu’une date doit être
officialisée pour célébrer le souvenir des victimes
de la guerre d’Algérie, cela ne peut pas être le 19
mars». En effet, s’il s’agit d’autre chose que
du souvenir des victimes, de quoi cette date doit-elle
devenir le symbole ?
Le Parti communiste nous éclaire sur
ce sujet. Dans sa proposition de loi du 7 juillet
1998, il cite les raisons qu’il a de vouloir
officialiser le 19 mars. Après avoir invoqué l’hommage
aux souffrances endurées par les combattants, le texte
précise : «…cette mesure aurait une autre conséquence importante. Elle
favoriserait la reconnaissance du caractère de
guerre des opérations menées par la France en
Algérie, au Maroc et en Tunisie. »…L’essentiel
vient à la fin : « En aidant à reconnaître que la
France s’est engagée entre 1952 et 1962 dans une
véritable guerre qui ne peut être oubliée, la
reconnaissance du 19 mars créerait les conditions
d’une meilleure compréhension de la nocivité du
colonialisme et du mépris voué aux peuples en lutte
pour leur liberté. » (Cf texte intégral de la
proposition de loi, en annexe).
Soulignons que
la proposition de loi du PC plaçait, à dessein, la
Tunisie et le Maroc, qui étaient des protectorats
récents, sur le même plan que la Régence d’Alger
conquise par la France sur les Turcs en 1830. Ce
territoire nommé officiellement «Algérie», par
ordonnance royale du 15 avril 1845, allait donner
naissance à des départements qui, en 1962, étaient
donc plus anciennement français que Nice et la Savoie.
Le concept de guerre d’Algérie
Dès les attentats du 1er novembre
1954, les « intellectuels » français voulurent
imposer le concept de « guerre d’Algérie » ;
une manœuvre dont le Gouverneur Général Jacques
Soustelle eut très vite pleinement conscience et dont
il comprit les implications. En 1955 il répondit aux
signataires du « Manifeste contre la guerre
d’Algérie » : « On commence par poser en
principe qu’il y a une guerre en Algérie…. Un état
d’insécurité sporadique et variable, des attentats
individuels, des embuscades, des incendies, est-ce
la guerre ? Sans doute dira-t-on, c’est une question
de définition. Mais dans ce cas, le seul fait
d’appeler « guerre » ce qui se produit en Algérie
est déjà un geste et un choix. …. Il y a donc là dès
le début et sur le point le plus important, une
équivoque, -involontaire ?- qui consiste en ceci,
que l’on baptise arbitrairement « guerre » un état
de chose très particulier, et qu’instantanément le
mot est pris dans son sens plein et habituel, avec
tout le cortège d’images qu’il évoque. Ce tour de
passe-passe est évidemment destiné à créer un
complexe de culpabilité. » (Cf. le texte
intégral de la lettre de Jacques Soustelle aux
intellectuels, en annexe).
Aujourd’hui,
si l’on prétendait que la France est « en guerre »
contre une partie de son territoire parce que des
attentats y sont commis, cela ne reviendrait-il pas à
anticiper une séparation possible ? En effet une «
guerre » reconnaît l’existence de deux «
forces » clairement identifiées ; une ingérence
internationale n’est plus à exclure. Dès 1955 Jacques
Soustelle savait que le choix de ce mot par les
signataires du Manifeste n’était pas anodin. Impropre à l’époque, il donnait
pourtant un cadre et un début de réalisa on à l’idée
de séparation.
Ce n’est qu’en
1999, soit 37 ans après l’indépendance, que le concept
de « Guerre d’Algérie » finira par être imposé.
Ce que Robert Bret, sénateur communiste des
Bouches-du-Rhône, commente ainsi : «En 1999 le
parlement français unanime votait une loi
reconnaissant l’état de guerre en Algérie ; rétablissant ainsi la vérité
historique en même temps que l’honneur des
combattants. La nation rendant ainsi sa dignité au
citoyen combattant…»
Mais bien avant cela, dans l’opinion
publique française, l’expression « la Guerre sans
nom » était devenue familière. Le cinéma, la
presse, l’édition s’y étaient employés. Aujourd’hui
elle est encore utilisée dans le but de dénoncer le
refus de la France de reconnaître les faits, de
minimiser sa violence ; elle l’est surtout dans le but
de l’établir définitivement comme puissance occupante
de l’Algérie. Mais si tel est le cas comment nommer
les Harkis, d’ailleurs bien plus nombreux au sein de
l’Armée Française que ceux qui la combattaient ?
Comment nommer les porteurs de valise ?
La Guerre
et la Paix
Ceux qui, soixante après notre exode,
veulent toujours officialiser le 19 mars peinent à le
justifier par « le Cessez-le-feu » lorsqu’on
est en mesure de leur rappeler que ce cessez-le-feu
fut immédiatement suivi par la fusillade de la rue
d’Isly, le 26 mars à Alger, par la multiplication des
assassinats et des enlèvements, par le massacre du 5
juillet à Oran et par celui des Harkis restés fidèles à
la France. Des dizaines de milliers de personnes tuées
ou enlevées qui avaient en commun d’avoir été
abandonnées à leur sort par la France.
Ce que le député Yves Fromion
rappelle avec force : « Mme la rapporteure a
affirmé lors du débat (le 15 janvier 2002) que cette
« guerre » est difficile à comprendre tant elle
semble prendre en défaut les valeurs de la
République. » Peut-être a-t-elle raison
; mais alors pourquoi la République imposerait-elle
aux principales victimes de ses propres errements
d’être à jamais, le 19 mars, cités à la barre du
tribunal de l’histoire ? Pourquoi le devoir de mémoire devrait-il se nourrir
d’une injustifiable humiliation de nos armées chaque 19
mars ? Pourquoi impliquerait-il d’infliger des
violences supplémentaires aux harkis et à leurs
familles qu’on condamnerait en quelque sorte à se
souvenir que le 19 mars, les combattants de l’ALN, qui
allaient devenir leurs bourreaux, furent autorisés à
rentrer sur le sol algérien, d’où l’armée française
les avait écartés ? Pourquoi trouverait-il une
légitimité particulière dans le fait d’imposer à nos
concitoyens Pieds-noirs cette date, la seule qu’ils ne
peuvent accepter ?
Pourquoi la République devrait-elle
trouver des victimes expiatoires, pourquoi cet
acharnement ?
On a tenté de nous expliquer que le 19
mars s’apparentait au 11 novembre et au 8 mai :
comment peut-on occulter qu’il y a eu en Algérie après
le cessez-le-feu trois ou quatre fois plus de morts
dans les effectifs combattants que pendant la période
des hostilités ? Comment Mme la
rapporteure peut-elle parler à propos du 19 mars de «victoire
de la raison sur la folie meurtrière ?»….. (Cf.
l’interview du Ministre Pierre Pasquini et la
déclaration du député Guy Teissier, en annexe)
60 ans après l’exode des Français
d’Algérie qui ne sont sans doute plus qu’une poignée à
vivre sur leur terre d’origine, et de moins en moins
nombreux en France, nous pourrions nous étonner de
débattre encore de ces sujets. C’est sans doute que
nous n’en avons pas fini avec la guerre, avec celle qui fait de la culpabilisation
une arme actuelle de conquête des esprits.
" La plus dangereuse des invasions
l’invasion de la vie intérieure, est infiniment plus
dangereuse pour un peuple qu’une occupation
territoriale." Ch. Péguy.
(Cf. le timbre de la victoire édité en
Algérie, en annexe).
Evelyne Joyaux
présidente du cercle algérianiste d'Aix
en Provence
DOCUMENTS ANNEXES
[pdf] PROPOSITION DE LOI DU 7 JUILLET 1998
DU PARTI COMMUNISTE
[pdf] LETTRE DE JACQUES SOUSTELLE AUX
INTELLECTUELS
[pdf] INTERVIEW DE PIERRE PASQUINI
[pdf] DISCOURS DU DÉPUTÉ GUY TEISSIER
[pdf] LE TIMBRE DE LA VICTOIRE EN ALGÉRIE
[pdf] CHRONOLOGIE AUTOUR DU 19 MARS
[pdf] CONFÉRENCE DE PRESSE DE FRANÇOIS
MITTERRAND DU 24 SEPTEMBRE 1981
Extrait relatif au 19 mars
SUR LCI, THIERRY ROLANDO, Président du
Cercle Algérianiste National
Crier la vérité !
par Pierre GOINARD
NOUS qui restons des témoins du passé de
la France en Algérie ne pouvons tolérer plus longtemps
les stupéfiantes contre-vérités, les honteux silences
qui se perpétuent, dont on ne mesure pas assez les
malfaisances présentes.
Arme d'un fanatisme idéologique dont,
durant la guerre d'Algérie, nous avons été les victimes
sans défense, ou seulement transfert de responsabilités
gênantes sur une innocente communauté, la désinformation
dont la puissance a été décuplée par les moyens de
communication modernes, à une époque malheureusement
pour nous décisive, a pénétré les esprits au point que,
sans soulever aucune réprobation, le cheikh Abbas,
recteur algérien de la Grande Mosquée de Paris, y
recevant Jules Roy lors de la fête de l'Aïd en 1986, a
pu faire l'éloge de son invité en ces termes : Un
homme de sa qualité lavait de tout : de la faim
(1), de l'ignorance, du mépris et du saccage commis par
la colonisation... Il était un de ces biens que les
pires des maux portent malgré tout en eux. (Compte rendu
in Algérie Information, mai 1986.)
Quelle tristesse de constater cette
intoxication non seulement chez de jeunes musulmans
transplantés ou non, mais, pire encore, chez des
Français d'Algérie qui ont quitté depuis leur enfance
leur terre natale, ou des militaires y ayant ardemment
défendu la présence française !
Même parmi nous, les plus fidèles à leur
chère province ne pêchent-ils pas par ignorance ?
Bien des fois des lecteurs de mon ouvrage m'ont avoué :
« Nous ne savions pas... »
Quant à un passé plus lointain il n'est
pas facile de se replacer dans le contexte et les
mentalités d'un temps révolu. Combien perfides les
citations isolées qu'un choix partisan va picorer dans
les archives : nous en avons eu des exemples dans
une émission télévisée récente intitulée « Droit
de réponse »... par antiphrase.
«EN PARTANT NOUS N'AVONS RIEN LAISSE...»
Ainsi divague Alain Vircondelet, ayant
quitté à neuf ans Alger sa ville natale (2). Tout
d'abord a-t-il jamais su que nous avons laissé une
entité géographique réalisée pour la première fois dans
l'histoire par nos ancêtres et qui leur doit jusqu'à son
nom ? La Berbérie n'était en rien une nation, mais
une mosaïque de tribus constamment en guerre entre
elles. Ce sont souvent leurs divisions qui, par un appel
aux troupes françaises, ont entraîné celles-ci plus
avant.
Abd El-Kader lui même, auquel nous avions
concédé un véritable protectorat sur l'Ouest algérien,
lorsque ses ambitions s'étendirent vers l'Est, se heurta
aux Kabyles et, vers le Sud, à la puissante confrérie
Tidjaniya ; impossible à cet homme, si exceptionnel
cependant, de parvenir à unifier ces provinces
disparates en un royaume.
Moins encore eût-il pu y ajouter l'énorme
part du Sahara, étrangère au Maghreb, en empiétant
largement sur l'hinterland de la Tunisie et surtout du
Maroc. Nul autre que le « colonialisme »
n'a délimité artificiellement sur le Sahara une
superficie de 2.381.000 km2, décuplant celle de la
Berbérie, faisant de l'Algérie actuelle le dixième pays
du monde par l'étendue et l'un des plus richement
pourvus de trésors cachés sous les déserts.
On oublie aussi l'état dans lequel ont
été trouvés les pays barbaresques en 1830. Les environs
d'EI Djezaïr, le petit paradis rencontré près de Bougie
par Saint-Arnaud, cité à l'émission de M. Polac,
n'étaient que des îlots très sporadiques. Sur cet étroit
territoire entre mer et désert, l'eau du ciel reste à la
limite des cultures vivrières dans sa moitié
occidentale. Partout si capricieuse, que le sol était
ravagé tantôt par des inondations, tantôt par de longues
sécheresses.
Grenier de Rome, ce territoire le fut
très partiellement et, depuis lors, l'avaient dévasté
les guerres intestines et les invasions de l'ouest et de
l'est, en particulier les Bédouins refoulés d'Egypte au
XIe siècle « détruisant tout sur leur passage,
les forêts, les campagnes et les villes. Tout pays
possédé par les Arabes est ruiné », écrivait
au XIVème siècle Ibn-Khaldoun, le grand historien
tunisien et, pour finir, trois siècles
d'occupation turque.
En même temps que la France « rendait
sa liberté aux mers », elle délivrait à El
Djezaïr les Maures brimés, les juifs humiliés,
surimposés, exposés à être brûlés vifs, les captifs
chrétiens — otages de l'époque — en esclavage, dans le
bled les populations soumises à de lourdes charges sans
contrepartie et, si elles s'y dérobaient, à de
monstrueuses razzias. Seuls résistaient des Berbères
dans leurs montagnes dissidentes, fiers de leur
indépendance tribale.
Cette paix française, une fois chèrement
acquise, après cent trente-deux années d'efforts
acharnés, des militaires d'abord, puis des civils, nous
avons laissé en toute gratuité — oui, Monsieur
Vircondelet — de grandes belles villes et 700 villages,
des logements privés pour un million de personnes,
souvent tout meublés, 54 000 kilomètres de routes,
4500 de voies ferrées, 23 ports dont 3 parmi les
français les plus actifs, 23 aéroports (celui
d'Alger était le deuxième de France), des barrages
irriguant 200 000 hectares, une agriculture
moderne, quatrième productrice viticole au monde,
première exportatrice des mandarines et clémentines, des
industries, agro-alimentaire, bâtiment, engrais
chimiques, tabac, papier, etc., une production
électrique d'autant plus méritoire qu'elle avait
paradoxalement, pour un tiers, une origine hydraulique,
un réseau d'équipements sportifs et hôteliers de niveau
européen...
L'Algérie était devenue premier client et
premier fournisseur de la France.
Or, pendant très longtemps, les
autochtones étaient demeurés en dehors des travaux des
pionniers dans les villes et les campagnes.
A une mise en valeur aussi exceptionnelle
allaient s'ajouter les forages du Sahara, auxquels leur
participation fut minoritaire et subalterne,
1 milliard de tonnes de réserves de pétrole, 3.500
milliards de mètres cubes de gaz, assurant jusqu'au XXIe
siècle la vie et la richesse des Algériens. Au moment où
la France pouvait être dédommagée enfin de ce que lui
avait coûté l'Algérie, elle en a fait abandon.
Ce trésor, nous l'avons aussi laissé,
Monsieur Vircondelet.
Sans parler de tout ce que nous avons
donné de nous-mêmes, sans distinction de personnes, à ce
pays qui était aussi le nôtre, où nous n'avons pas
laissé que des biens matériels.
UN GÉNOCIDE ?
C'est le terme ridicule et odieux qu'a
prononcé, à l'émission déjà citée et « pesant
ses mots » Daniel Leconte, né à Oran en 1949
d'où il est parti pour Paris en 1957, répétant ce qu'il
avait écrit quelques années auparavant (3).
Nulle guerre n'est humanitaire. La
suppression cruelle d'un réduit de résistance ou la
tactique de la terre brûlée (souvent le fait de tribus
antagonistes parmi lesquelles nos alliées), si atroces
qu'elles fussent, ne sont-elles pas sans commune mesure
avec les horreurs et les massacres des conflits
modernes ?
Mais génocide signifie, que je sache,
extermination délibérée de toute une population, comme
celle des aborigènes en Amérique (hormis quelques
réserves) ou en Australie. On pourra exhiber, datant de
cette époque, des propos outranciers de cette espèce,
mais sont-ils passés dans les faits ? Là est
l'essentiel.

Accroissement des populations indigène et européenne
d'Algérie :
1 : Grande famine 1866-1868. - 2 : Première Guerre
mondiale. - 3 : Seconde Guerre mondiale.
Or, loin d'avoir disparu, la population
musulmane autochtone a quadruplé entre1872 et 1954,
passant de 2 125 000 à 8 400 000;
cet accroisssement démographique a précédé de plusieurs
générations celui du Tiers-Monde, dont on situe le début
seulement autour de 1945.
Certes, la suppression des guérillas
locales et des famines y a contribué, mais plus encore
les médecins qui se sont consacrés à préserver les
santés et les vies des « colonisés ».
Si brillantes au Moyen Age, les médecines arabe et juive
avaient disparu de la régence où n'existait plus, en
1830, un seul hôpital.
Dès les premiers combats de Sidi-Ferruch
les chirurgiens militaires offrirent leurs soins aux
musulmans blessés. Par la suite, les 38 grands
hôpitaux militaires édifiés en quinze ans s'ouvrirent
aux autochtones. Se retirant peu à peu devant les
médecins civils, les militaires continuèrent à assumer
la santé publique des Territoires du sud et du Sahara.
Ils contribuèrent grandement à combattre le paludisme
grâce à la quinine instaurée par un des leurs, Maillot,
en 1834 à Bône et, plus tard, la découverte à
Constantine, par Laveran, de son agent pathogène,
l'hématozoaire.
Les indigènes ont bénéficié à égalité,
sans apartheid, de toute l'organisation médicale
française : centre hospitalo-universitaire d'Alger,
l'un des premiers de France, 30 000 lits d'hôpitaux
en 1959 (programmés 48 000 pour 1964), Institut
Pasteur d'Alger dirigé par les célèbres frères Sergent
(nés dans le Constantinois) et un corps médical
peut-être unique au monde, les « médecins de
colonisation ».
Loin de tout et de tous parmi des
populations d'abord réticentes, puis confiantes et d'une
touchante reconnaissance, secondés plus tard par de
remarquables infirmiers indigènes puis des « infirmières-visiteuses
coloniales » européennes, disposant à la fin
de 76 hôpitaux auxiliaires de 34 lits dans
leurs 273 circonscriptions couvrant les 9/10 du
pays, ils avaient à soigner près des deux tiers de la
population.
Ainsi les épidémies avaient peu à peu
disparu ainsi que des maladies comme la variole, la
mortalité infantile régressé, les accouchements
dramatiques étaient secourus. Et quand, a partir de
1940, se répandit une terrible endémie tuberculeuse qui
menaça réellement les autochtones d'un génocide, elle
fut jugulée en quelques années grâce à une coûteuse
organisation hospitalière et médicamenteuse, dans
l'effort de tous.
On ne saurait insister assez sur
l'altruisme désintéressé avec lequel se sont dépensés
sans compter les soignants, non sans lourds sacrifices.
Des centaines de religieuses, dont les premières
débarquant peu après 1830, avaient donné l'exemple de
l'abnégation ; dans l'intérieur du pays plusieurs
hôpitaux pour les indigènes avaient été fondés par le
cardinal Lavigerie. A tous les échelons les équipes
franco-indigènes constituaient des unités modèles.
Seule ombre au tableau : le petit
nombre de médecins musulmans. Ce n'était pas faute
d'incitations et d'encouragements : dès 1833 le
célèbre médecin militaire Baudens avait ouvert pour les
Maures et les juifs des cours à l'hôpital installé dans
les jardins du dey. A la différence de ceux-ci, qui
devinrent proportionnellement plus nombreux dans la
profession que les Européens de souche, les musulmans
s'avéraient plus attirés par d'autres carrières
libérales, mais surtout pâtissaient d'un décalage dû à
la résistance prolongée des familles, sur laquelle nous
reviendrons, à rencontre de l'enseignement français.
Aujourd'hui :
« Du temps des Français (propos
d'un employé d'hôpital en Kabylie à l'étudiant
stagiaire anglais) c'était un hôpital et un vrai...
Ah ! c'était le bon temps ! » (lan
Young), Scènes de la vie privée de l'Islam,
Alain Moreau, édit. 1979.
« On dit souvent qu'il faut
soigner d'abord nos hôpitaux, ensuite les malades
qu'ils accueillent... Il y a même des médecins et des
professeurs qui ont tout bonnement estimé ne plus
pouvoir exercer leur métier dans les centres
hospitaliers comme celui de Mustapha-Pacha, tant les
conditions d'hygiène y sont devenues
intolérables. » (L'hôpital, ce grand
malade, Algérie-Actualité, 28 octobre 1986.)
LES COLONS ENRICHIS PAR LA SPOLIATION
DES TERRES ET L'EXPLOITATION DES INDIGENES ?
« Fortunes impures... » (J.
Chaban-Delmas); « Le colonat avait dépossédé
la paysannerie algérienne de ses terres »
(livre d'histoire de terminale, Nathan édit.); « Les
gros colons qui ont fait suer le burnous... Le gros
colonat profiteur, l'ennemi plus encore que le F.L.N.
n'est-il pas, en majeure partie, responsable de bien
des maux ? » (Pierre Montagnon,
officier, défenseur acharné de l'Algérie française), La
Guerre d'Algérie. Pygmalion édit., 1984.
Pour en finir avec cette tenace légende,
il est nécessaire de bien savoir qu'en 1830 les
structures foncières du pays, ainsi que le travail de la
terre, étaient très différents de l'Europe, et d'entrer
dans des précisions un peu arides, si schématiques
soient-elles.
Le pouvoir occupant et des notables turcs
détenaient un fonds considérable, cependant des
seigneurs autochtones possédaient de vastes domaines,
confiés généralement à des métayers au cinquième
(khammès). Par ailleurs, des legs religieux
constituaient les biens dits «habous»,
inaliénables.
Et des surfaces étendues restaient en
friche.
Après 1830 les terres turques furent
dévolues aux Domaines. Il s'écoula peu d'années pour que
les biens habous le soient aussi. Avec, en compensation,
prise en charge par l'Etat des dépenses du culte :
locaux et personnel de 442 mosquées au début de
notre siècle, auxquelles s'étaient ajoutées
20 nouvellement construites.
Selon l'usage du temps, furent
confisquées des terres de tribus rebelles coupables
d'exactions réitérées en Mitidja, et surtout après la
grande révolte de 1871 en Kabylie. Une partie sera par
la suite rétrocédée ou rachetée.
Au total plus de 2 millions
d'hectares revinrent aux Domaines.
A mentionner également des remembrements
cadastraux autour des centres de colonisation, qui
n'allèrent pas sans des réductions de superficie,
compensées par des aménagements d'hydraulique ou de
voies d'accès.
En revanche, à la fin du Second Empire,
furent déclarées légalement propriétaires les tribus
ayant jouissance traditionnelle de terres. Plus près de
nous, des surfaces cultivables nouvelles s'ajoutaient
grâce à la restauration des sols en pente (100 000
hectares en 1954, 1 million escompté en quinze
ans), et par les forages sahariens, comme à Ouargla.
Sur les terres en sa possession l'Etat
vendit ou, selon les époques, céda gratuitement des
concessions aux colons français, très exiguës d'abord
puis des surfaces plus importantes, ainsi que, surtout
au Second Empire, et le plus souvent à des sociétés
capitalistes, de très vastes étendues moyennant de
lourdes charges pour le bénéficiaire, telle la
construction du chemin de fer de l'alfa.
Par ailleurs des colons achetaient de gré
à gré, mais freinés jusqu'en 1871 par l'autorité
militaire ne les y autorisant qu'en territoire civil,
lequel représentait alors le vingtième du pays. C'est
après l'avènement de la République que, en voulant
appliquer la règle française « nul n'est tenu
de rester dans l'indivision », la « loi
Warnier » porta le plus grave préjudice à la
propriété familiale indigène, dont un quart passa en
d'autres mains, pas toujours européennes. Emus par les
conséquences désastreuses pour les autochtones, ce
furent les colons eux-mêmes qui obtinrent, au bout de
quelques années, l'abrogation de cette loi.
Répétons, d'autre part, que l'éthique
musulmane se trouvait très éloignée des mentalités et
des méthodes du cultivateur européen chez ces
populations plus pastorales que sédentaires,
paisiblement abandonnées à la volonté divine :
aucun souci d'améliorer le rendement, les façons de
culture ancestrales, un réel mépris pour le travail de
la terre, confié si possible aux femmes ou à des khammès
en quasi-servage.
Deux phases de la colonisation sont à
distinguer : d'abord celle des pionniers aux
souffrances indicibles, à l'effrayante mortalité, aux
ruines sans nombre, dans les plaines marécageuses de la
Mitidja ou de Bône, les maquis sahéliens de palmiers
nains et de lentisques, les étendues arides d'Oranie. Ce
ne sont pas les autochtones qui ont drainé, défriché,
irrigué, planté, mais l'armée puis des concessionnaires
français, souvent impréparés à de telles tâches, de
rudes travailleurs espagnols, italiens et aussi des
allemands et d'autres européens «émigrés de la misère».
Par leur labeur héroïque les terres les plus abandonnées
devinrent les plus fécondes.
Seconde phase : celle des cultures
plus rémunératrices et raffinées requérant une
main-d'œuvre abondante, la vigne puis les agrumes, les
primeurs, assurant une certaine prospérité dont ont
bénéficié les indigènes, se décidant à proposer leurs
bras. Il fallut leur en apprendre les techniques et si
leurs salaires n'ont pu atteindre d'emblée ceux des
ouvriers européens, ils ont permis à de très nombreuses
familles de vivre : un million et demi pour le seul
vignoble, lequel employait dix fois plus de travailleurs
que les céréales. Plutôt que de vilipender des colons
prétendument enrichis en affamant les indigènes, il est
plus juste de renverser la proposition : peu
nombreux à faire fortune, ils ont assuré l'existence de
beaucoup.
Au surplus, nombre d'entre eux y
ajoutaient, en faveur de leurs ouvriers, des
réalisations sociales peu habituelles à l'époque chez
les propriétaires terriens d'Europe. Mais voici ce que
rapportent d'une visite à l'ancien domaine d'Henri
Borgeaud (1 200 hectares anciennement défrichés par
les Trappistes), présenté comme type du gros colonat,
les jeunes « Beurs » se rendant en
Algérie pour un volontariat civil de quelques
semaines : « Borgeaud, un colon qui avait
établi un empire; les gars qui travaillaient là
étaient comme des esclaves ; il avait sa propre
monnaie. » (Dr Nacer Kettane,
fondateur-directeur de Radio-Beur, Le sourire de
Brahim, Denoël édit., 1985).
Probablement s'agissait-il de jetons
donnant accès à la cantine scolaire ou à quelque autre
réalisation ? Mais le Dr Nacer Kettane a
l'honnêteté d'évoquer le sort d'ouvriers insatisfaits
dans une coopérative agricole nouvelle... Lentement les
rendements des céréales s'amendaient ; les surfaces
des autochtones étaient passées d'un million d'hectares
en 1850 à deux millions et demi en 1954 et de nouveaux
pionniers européens étendaient le blé à des zones plus
aléatoires comme le Sersou.
L'agriculture algérienne devenait très
scientifique grâce à un institut agricole à
Maison-Carrée en liaison avec l'Institut Pasteur, deux
écoles régionales, sept écoles pratiques, qui réuniront
en 1960 2 600 élèves dont 1 800 musulmans,
alors que ceux-ci les avaient longtemps boudées.
En 1954 les Européens possédaient
2 750 000 hectares dont 600 000 de
cultures dites riches, les indigènes 10 millions
dont 4 250 000 arables. Parmi ces derniers,
plus nombreux étaient les propriétaires de plus de cent
hectares (8496) que les Européens (6587) et 8 000
Européens possédaient moins de 10 hectares...
Loin d'être spoliée l'agriculture
indigène avait bénéficié de multiples encouragements.
Mais toutes les tentatives de colonisation par les
fellahs eux-mêmes s'étaient autrefois soldées par des
échecs. Cependant, depuis 1880, les « sociétés
de prévoyance » avaient peu à peu modifié
l'esprit des cultivateurs. Coopératives et mutuelles,
par lesquelles avait été transformée la situation des
colons européens, les accueillaient eux aussi de plus en
plus nombreux. A partir de 1936, une politique de
paysanat fut mise en œuvre; dix ans plus tard des
secteurs d'amélioration rurale assumaient le
reclassement, la mécanisation de petits possédants
qu'encadraient des conseillers techniques formés au
séminaire de Rovigo, 150 en 1959, 1050 prévus en 1962.
Ce n'étaient pas moins de 2 millions d'hectares qui
entamaient leur transformation : une véritable réforme
agraire.
Dans les dernières décennies les colons
commençaient à céder la place aux indigènes, surtout
dans le Constantinois et les vallées kabyles. Dès 1937
les achats de ceux-ci l'emportaient sur ceux des
Européens : de 100 000 hectares au cours de 1954.
Progressivement ils s'élevaient de degré en degré dans
les domaines aux fonctions auxquelles les Européens les
avaient initiés. Aujourd'hui, l'Algérie doit acheter
trois fois plus de céréales qu'elle n'en produit, bien
que deux tiers du vignoble aient été arrachés.
« Comment se fait-il que le
colon français ait été capable de tirer
40 quintaux d'une parcelle de terre alors que toi
tu n'en tires que 10 ? Serais-tu un quart
d'homme ? », AlShaab,
8 juin 1956.
NUIT COLONIALE, GRISAILLE
INTELLECTUELLE !
«La France n'a su ni voulu imposer
l'enseignement obligatoire», P. Montagnon, op.
cit. « Avant 1962 seulement 2 % des
enfants musulmans apprenaient le français. »,
Pierre Branche, le Figaro, 15 octobre
1986.
Dans la Berbérie de 1830, seul existait
un enseignement religieux, uniquement pour les garçons,
en de nombreuses écoles coraniques, approfondi par
quelques-uns dans des médersas ou des confréries
(zaouias). En 1847, le duc d'Aumale, alors gouverneur,
demanda vainement aux « tolbas »
d'élargir leur enseignement à des connaissances
profanes. Des écoles arabes-françaises furent alors
ouvertes avec un certain succès : Coran le matin,
et, l'après-midi, des matières de base en français.
Dans le même temps, des initiatives de
dames françaises, puis de religieuses, s'efforcèrent
d'attirer des fillettes musulmanes dans des ouvroirs,
glissant à la faveur de travaux artisanaux quelques
rudiments d'instruction, peu souhaités par les pères. La
IIIe République voulut, en ses visées assimilatrices,
uniformiser l'enseignement des garçons dans ses écoles
primaires ; il y eut un recul des familles
redoutant un détournement de leur éthique
traditionnelle. Par contre, en Kabylie, des Jésuites,
auxquels succédèrent des Pères Blancs et des Sœurs
Blanches du cardinal Lavigerie, fondèrent avec succès
des écoles adaptées. Elles inspirèrent les « écoles
ministérielles » instaurées elles aussi en
Kabylie, par Jules Ferry en 1881.
Alors commença une geste, comparable à
celle des médecins de colonisation. A partir de 1891, à
l'Ecole normale d'instituteurs de Bouzaréa, une « section
spéciale » prépara à l'enseignement des
enfants indigènes : en 1937 1 200
sectionnaires avaient été ainsi formés. Dans le même
temps, des élèves-instituteurs kabyles étaient
fraternellement admis, suivant la filière normale — près
de 1 000 déjà en 1937.
Ces enseignants du bled accomplirent leur
tâche avec une abnégation de missionnaires, dans de très
rudes conditions matérielles et morales, ayant à
convaincre des parents longtemps hostiles. Peu à peu ils
devinrent tout à la fois, selon les termes d'un recteur,
« instituteurs, infirmiers, agriculteurs,
écrivains publics, guides et conseillers d'une
population qui les a vénérés comme des saints ».
Leur plus belle récompense était la reconnaissance de
leurs écoliers, à nombre desquels ils insuffleront leur
propre vocation.
Après une longue incubation, sans doute
aussi à la faveur de la guerre de 1914-1918, durant
laquelle soldats et ouvriers partis dans la métropole
s'étaient familiarisés avec une civilisation
farouchement récusée jusque-là, un retournement se
faisait sentir. Il devint une ruée, des garçons et, avec
un retard de quelques années des filles elles-mêmes. Dès
lors s'engagea une course poursuite entre la marée
démographique et la construction d'écoles, le
recrutement d'enseignants. En 1960, 39,2 % des
enfants musulmans étaient scolarisés (et non pas
2 %, Monsieur Branche, qui n'avez retenu que la
décimale) sur les mêmes bancs que les petits Européens;
non sans évidemment de grandes inégalités
régionales : à Alger, Oran, près des trois quarts;
dans l'intérieur du pays entre 40 et 15 %. Qu'on se
représente les difficultés dans des douars reculés ou
chez les grands nomades du Sud : il y eut même des
écoles sous tentes !
La guerre d'Algérie, malgré la
destruction de nombreux locaux, n'avait pas ralenti
cette expansion, en partie grâce aux militaires des
S.A.S. et aussi à des innovations originales comme les
centres éducatifs. Ainsi Akbou, en pleine Kabylie,
comptait 50 % d'enfants scolarisés en 1961.
Désormais les filles aspiraient, non plus seulement à un
enseignement ménager ou artisanal, mais à une formation
professionnelle ou intellectuelle moderne ; une
section féminine d'adaptation de l'enseignement fut mise
sur pied dès 1949.
Pour les garçons était créé un
enseignement technique ; il ne leur inspira guère
d'attrait, considérant que l'instruction devait les
mener à des carrières plus intellectuelles. Mais le long
refus avait retardé de près de cent ans, si l'on compare
à leurs contemporains israélites, leur ascension massive
à l'enseignement secondaire et supérieur. Cependant le
décalage allait se rattraper : effectivement le nombre
des étudiants musulmans tripla en 1943 et 1955.
Complétant les possibilités offertes, les
trois médersas créées en 1850 s'étaient ouvertes à une
scolarisation partiellement française, pour aboutir en
1951 à leur transformation en lycées franco-musulmans,
un établissement y étant ajouté pour les filles.
Leur accession à toutes les carrières est
illustrée par un palmarès des originaires de Laghouat
établi en 1950 : un avocat parisien, un interne des
hôpitaux de Paris, cinq professeurs de lycée, deux
professeurs de médersa, un directeur de médersa en
Mauritanie, seize instituteurs, un imprimeur-éditeur à
Alger, quinze officiers dont trois supérieurs, trois
interprètes au Maroc. Au moins aussi féconde avait été
la Kabylie. Parmi vingt-huit ingénieurs, l'un des deux
polytechniciens, Salah Bouakouir atteignit le sommet de
la hiérarchie administrative, directeur du Commerce, de
l'Energie et de l'Industrie en 1954, secrétaire général
adjoint pour les Affaires économiques en 1960.
Parallèlement, l'Algérie a suscité un
véritable bouillonnement intellectuel et artistique.
Comme l'avait prédit Ernest Renan, « l'exploration
scientifique de l'Algérie sera l'un des titres de
gloire de la France au XIXe siècle ». Chacun
de ses chapitres s'orne de noms devenus célèbres :
géographes et géologues, préhistoriens et historiens,
archéologues romains et berbères (pas moins de douze
musées d'archéologie à travers l'Algérie !),
ethnologues, islamologues, arabisants, berbérisants...
Le Gouvernement général donnait l'exemple, publiant au
fil des années : Exploration scientifique de
l'Algérie, 40 volumes. Collection du Centenaire,
37 volumes, Documents algériens,
300 plaquettes.
Douze sociétés savantes œuvraient de
concert avec la Revue africaine qui publia durant cent
six ans 500 pages annuelles. L'Université d'Alger,
seconde de France, ajoutait aux chaires habituelles des
enseignements et treize instituts concernant l'Algérie,
l'Islam, le Sahara. Des musulmans lui apportaient leur
concours, les Bencheneb, les Ben Sedirah, les Soualah,
etc.
Et la Bibliothèque nationale, transférée
en 1959 de son délicieux et inconfortable palais
mauresque en un édifice admirable à tous égards, au
centre de la capitale algérienne, alimentait par
bibliobus 310 bibliothèques disséminées dans le
pays.
Une presse très développée, des maisons
d'édition fort actives (Jourdan, plus tard Baconnier,
entre autres), des conservatoires à Alger, Oran,
Constantine, faisaient une place aux musiques locales,
une société férue de musique, visitée par les plus
grands artistes, une architecture néo-mauresque aux
intéressantes réalisations, constituaient un ensemble
peu commun.
La beauté des paysages, la qualité de la
lumière, l'originalité, la variété des types humains
avaient inspiré de nombreux peintres, à commencer par
l'école « Orientaliste ». Aidés par
des mécènes locaux, trois importants musées des
Beaux-Arts, chacun dans les principales villes, étaient
complétés à Alger par une école des Beaux-Arts et par
une « Villa Abd el Tif » recevant pour des
séjours de deux ans deux boursiers peintres ou
sculpteurs.
Dans l'épanouissement littéraire, à côté
des « algérianistes », et de ceux
qui cultivaient la langue nouvelle du petit peuple
européen, deux noms restent célèbres : notre prix
Nobel, Albert Camus, d'ascendance modeste, et Paul
Robert, fils de colon qui, avant d'entreprendre l'œuvre
immense de son dictionnaire, avait écrit une thèse sur
la culture...des agrumes.
Grisaille intellectuelle ? Aucune
autre province française n'a engendré un pareil siècle.
Témoignages nostalgiques
d'aujourd'hui :
« Effectivement il existait une
littérature très importante et très riche. Il y avait
une très grande animation. Le niveau était très élevé.
Alger était une grande capitale intellectuelle. Des
Algériens collaboraient. » (Laadi Flici, El
Moujahid, 26 juin 1985).
« Alger n'est qu'un gros village
sans particularités, sans âme, sans identité. »
(Meziane Ourad, Algérie-Actualité, 13-19 mai
1986.)
UNE ETHNIE ANNIHILEE ?
« Une bête immonde, du nom de
colonialisme, était venue annihiler leur personnalité,
leur identité, leur langue. » (Dr
Nacer Kettane, op. cit.)
Récusant évidemment « bête
immonde » et aussi le terme
« colonialisme » totalement
inadéquat à l'Algérie, dont on a pu nier qu'elle fût une
colonie, à tout le moins différente de toute autre, « unique
en son genre » selon l'expression de
l'historien anglais Alistair Horne, nous allons tout de
même réfuter les trois assertions qui précèdent.
Annihiler leur personnalité ? Si
l'on entend par là les efforts accomplis pour donner à
des populations demeurées dans un état médiéval,
accablées par des siècles d'une occupation turque
stérilisante, accès a la civilisation occidentale et en
faire peu à peu nos égaux : peut-être... Mais
n'aurions-nous rien fait dans ce sens, de quels
reproches encore pires serions-nous abreuvés par ceux
qui, à l'inverse, estiment que ce ne fut pas
assez !
Certes notre civilisation, telle qu'elle
a évolué, n'est pas en tous points bénéfique. Mais même
sans notre présence durant plus d'un siècle, la Berbérie
aurait-elle pu demeurer à l'abri du désir
d'occidentalisation qui a gagné toute une partie du
monde islamique ?
Les musulmans d'Algérie n'en avaient
point pâti quant à leur personnalité. La société
d'autrefois s'était modifiée par l'amenuisement des
hiérarchies féodales et le développement d'une classe
moyenne vivant dignement à l'européenne, ayant acquis à
notre exemple le goût du travail, la prévoyance du
lendemain, le sens des responsabilités.
Leur fidélité religieuse n'en était pas
affectée pour autant. A l'abri de toute pression, les
chrétiens, freinés d'ailleurs par la neutralité
officielle, ayant rapidement renoncé à un prosélytisme
actif, l'Islam maghrébin avait conservé toute sa
spécificité. S'il a été combattu, ce fut par une autre
fraction de l'Islam, le mouvement réformiste ayant pris
origine, dans le début du siècle, au Proche-Orient, non
exempt de connotations politiques.
Alors que rien dans l'Algérie « colonisée »
ne pouvait influencer fâcheusement la personnalité
autochtone, par contre il n'en fut pas de même dans la
métropole, lorsque l'émigration devint nécessaire pour
aider à vivre une population dont la prolificité
excédait les possibilités nourricières du pays. Mais que
devrait-on dire actuellement où les immigrés y accourent
sans raison impérieuse ? La décolonisation ne les
a-t-elle pas dotés des richesses sahariennes, grâce
auxquelles ils pourraient vivre chez eux à leur
aise ? A ne considérer que le souci très légitime
de garder leur identité, ne serait-il pas préférable
qu'ils demeurent dans leur cadre naturel ?
Car l'on peut comprendre le profond
malaise, encore aggravé par la désinformation sur ce que
fut l'Algérie française, éprouvé par cette génération
dont fait partie Nacer Kettane, tiraillée malgré tout
entre la patrie de ses aïeux et la forme de civilisation
à laquelle elle a goûté.
Annihiler leur identité ?
Certainement pas une identité nationale, bien au
contraire suscitée par l'œuvre unificatrice des
Français, qui aussi l'ont confortée en exhumant et
mettant en valeur tout un patrimoine oublié, indifférent
à ses héritiers : prospectant les vestiges romains,
berbères et musulmans, explorant le brillant passé
d'anciennes capitales, Tahert, Kalaa, Bougie, Tlemcen,
collectant des manuscrits anciens, reconstituant la
trame historiques de siècles obscurs et proposant ces
découvertes à la connaissance de tous, étudiant les
particularités religieuses, confréries, culte des
saints, ainsi que les traditions berbères d'une
antiquité préhellénique, recueillant ce qui persistait
du fonds oral et encourageant leurs adaptations
théâtrales, s'intéressant aux poèmes, aux chants, aux
musiques arabes et berbères en sauvegardant leur
intégrité dans les conservatoires, tout en les diffusant
sur les ondes...
Les musées exposaient des pièces
anciennes, tapis, tissages, broderies, dentelles,
ébénisterie, poterie. Ces arts mineurs, si menacés de
nos jours, avaient fait l'objet de patientes
investigations, les tapis en particulier sur les lieux
de production (Tlemcen, Guergour, Mzab), et un service
de l'artisanat, compétent et rigoureux, veillait à la
conservation des pures traditions. Il n'est pas jusqu'à
l'enluminure qui n'ait été portée à un haut niveau et
enseignée. Osant enfreindre les interdits religieux,
quelques peintres musulmans commençaient à révéler leurs
talents. Il ne semble pas qu'ils aient, a l'époque,
perturbé des défenseurs inconditionnels de l'identité.
Annihiler leur langue ? Ce n'est pas
dans notre Algérie que leur langue a été menacée, mais
en France, chez les émigrés installés avec leurs
familles. La seconde génération emploie moins volontiers
l'arabe ou le berbère que le français, si même elle ne
les ignore.
Au temps de la colonisation
l'enseignement en français n'avait en rien nui aux
langues locales qui continuaient à être couramment
parlées, un peu moins le berbère : ayant perdu
depuis des siècles son écriture, il n'avait pu être
retenu comme langue administrative, alors qu'un tiers de
berbérophones peuplait le pays.
L'arabe, enseigné en option dans le
secondaire, pouvait être approfondi dans les medersas
et, ainsi que le berbère, à la Faculté, en sa
littérature et ses dialectes, auprès de maîtres de
grande notoriété. De tout temps des Européens furent de
fins arabisants, traducteurs arabes.
Radio-Alger diffusait régulièrement des
émissions en arabe et en berbère et une presse en langue
arabe n'avait cessé de paraître. Des musulmans d'Algérie
parmi les plus éminents ont écrit leurs œuvres en arabe.
Un exemple significatif est celui du cheikh Benalioua,
dont les textes d'un niveau spirituel et intellectuel
exceptionnel ont connu un rayonnement dans une élite
occidentale, bien que très partiellement traduits encore
en français et en anglais.
Une cohorte de romanciers, souvent des
instituteurs, fit une brillante entrée dans la
littérature francophone, le français leur apparaissant
un meilleur mode d'expression et de diffusion; ils
n'éprouvaient certainement pas, du moins la plupart, le
sentiment de se dépersonnaliser en n'usant point de leur
langue maternelle (souvent le berbère).
Le bilinguisme vers lequel tendait
l'Algérie n'apportait-il pas un enrichissement sans
nullement porter atteinte à l'identité ? Les
Algériens d'aujourd'hui l'ont compris, qui n'ont pas
éliminé le français de leur enseignement : la
presse la plus importante continue à être rédigée dans
notre langue ; et l'on est frappé par l'élégance et
le raffinement du style des rédacteurs, que pourraient
leur envier bien de leurs confrères métropolitains.
Cette francophonie solidement implantée reste l'un des
vestiges les plus tangibles de notre temps révolu.
Nous nous sommes limités à cinq
contre-vérités parmi les plus grossières et les plus
répandues. Il en est bien d'autres : en particulier
les relations existant naguère entre les ethnies ne
cessent d'être dénaturées par l'audiovisuel et
l'imprimé.
Exemples : le film « La
dernière image » réintitulé par Marie Elbe
« La dernière caricature », ou encore, dans
l'émission plusieurs fois citée, les termes, repris avec
tant d'insistance, de D. Leconte (« rebut de la
Méditerranée... colonie-dépotoir ») et de A.
Vircondelet (« lie du peuple français, résidu
de différents pays du bassin méditerranéen »)
ont amalgamé, parmi les premiers arrivants, les
parasites passagers des armées en campagne et des pays
neufs avec les pionniers héroïques, semblant oublier que
leur pauvreté n'était nullement synonyme de lie. Combien
les téléspectateurs auront gardé l'impression que nous
étions la descendance de méprisables aventuriers alors
que nous nous honorons d'avoir pour ancêtres, outre les
défricheurs d'avant-garde, les autres colonisateurs,
honnêtes et courageux ouvriers, artisans, commerçants,
fonctionnaires et militaires se fixant dans le pays —
mille par an pendant de nombreuses décennies —, déportés
politiques de 1848 et 1851 — peu cependant restèrent —,
beaucoup de riverains de la Méditerranée occidentale,
français et étrangers, d'autres aussi de province, plus
éloignées, comme les Alsaciens-Lorrains en 1871, et de
Suisse, d'outre-Rhin, toutes ces populations d'origines
si diverses qu'une ou deux générations avaient fondues
en une communauté européenne unie.
Entre elle et les communautés
autochtones, contrairement à ce que l'on s'efforce
d'accréditer, une symbiose exceptionnelle était en bonne
voie de réalisation, les Français remplissant un rôle
d'encadrement dont l'Algérie ne saurait se passer de
sitôt, tout en respectant des fidélités à des modes de
vie traditionnels.
Sur une telle cohabitation, la
controverse, hélas ! n'a plus d'objet ;
retenons seulement le plus convaincant autant
qu'émouvant des témoignages : l'accueil unanimement
chaleureux, fraternel, réservé à ceux qu'on appelle « Pieds-Noirs »
par les Algériens d'aujourd'hui. Voici quelques années
le pèlerinage des anciens d'Oranie à la basilique de
Santa Cruz en fut un éclatant épisode irrécusable.
Il y a là de quoi surprendre, et
peut-être faire réfléchir ceux qui n'ont pas eu le
privilège de vivre dans l'Algérie d'alors, difficile en
soi à se représenter telle qu'elle fut, et plus encore à
travers son image entièrement faussée par la
désinformation malveillante qui continue de sévir.
Pierre GOINARD.
________________
(1) C'est nous qui soulignons
(2) Alger l'Amour Presses de la Renaissance 1982
(3) Les Pieds-Noirs, Le Seuil, Edit. 1980.
PÉTITION condamnant
les propos injurieux
de Jean-Michel APATHIE à
l’égard des
Français d'Algérie
Le 23 janvier dernier, dans
l’émission "l’hebdo"de France 5, ayant pour thème
l'Algérie : la France doit-elle s’excuser ? le
journaliste politique Jean-Michel Apathie s’est
distingué par ses propos haineux à l’égard des Français
d’Algérie, dressant un véritable réquisitoire contre la
présence française. Avec toute la mauvaise foi et
l’approche idéologique qui siéent à l’exercice,
l’intéressé a tenu des propos injurieux envers les
Français d’Algérie :
« Il se constitue des familles coloniales d’origines
européennes, française, mais beaucoup d’Espagnols et
d’Italiens. L’Algérie française en fait est composée
d’étrangers, c’est assez cocasse ».
« Les pieds-noirs prennent tout en main » a-t-il
asséné d’un air méprisant.
« On vole les terres aux habitants » ou encore «
Ces familles pieds-noires vont organiser la
déscolarisation pendant près d’un siècle, de tous les
jeunes algériens. On va plonger un peuple dans
l’ignorance etc, etc ».
Ce journaliste, connu pour sa morgue et sa suffisance, a
jeté ainsi l’opprobre sur tous les Français d’Algérie,
niant leurs souffrances et se moquant de leur douleur.
Adepte de la pensée unique, Jean-Michel Apathie s’est
livré une fois de plus à la caricature dont il est
coutumier, en considérant qu’il n’y a qu’une seule
catégorie de victimes de la guerre d’Algérie, qui ait
droit de cité.
Le chef de l’État, Emmanuel Macron a confirmé son grand
dessein : réconcilier les
mémoires françaises et algériennes.
C’est la raison pour laquelle le Cercle algérianiste
vous invite à SIGNER la PÉTITION lancée par notre ami et
adhérent Jean-Louis Hernandez,
Merci de vous mobiliser en grand nombre, pour rappeler
que nous n’acceptons pas d’être salis et jetés en pâture
à la vindicte médiatique.
Thierry ROLANDO
Président national du Cercle
algérianiste.





Dernière mise à jour : 8 avril 2021
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