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Crier la vérité

par Pierre GOINARD

juin 1987

NOUS qui restons des témoins du passé de la France en Algérie ne pouvons tolérer plus longtemps les stupéfiantes contre-vérités, les honteux silences qui se perpétuent, dont on ne mesure pas assez les malfaisances présentes.

Arme d'un fanatisme idéologique dont, durant la guerre d'Algérie, nous avons été les victimes sans défense, ou seulement transfert de responsabilités gênantes sur une innocente communauté, la désinformation dont la puissance a été décuplée par les moyens de communication modernes, à une époque malheureusement pour nous décisive, a pénétré les esprits au point que, sans soulever aucune réprobation, le cheikh Abbas, recteur algérien de la Grande Mosquée de Paris, y recevant Jules Roy lors de la fête de l'Aïd en 1986, a pu faire l'éloge de son invité en ces termes : Un homme de sa qualité lavait de tout : de la faim (1), de l'ignorance, du mépris et du saccage commis par la colonisation... Il était un de ces biens que les pires des maux portent malgré tout en eux. (Compte rendu in Algérie Information, mai 1986.)

Quelle tristesse de constater cette intoxication non seulement chez de jeunes musulmans transplantés ou non, mais, pire encore, chez des Français d'Algérie qui ont quitté depuis leur enfance leur terre natale, ou des militaires y ayant ardemment défendu la présence française !

Même parmi nous, les plus fidèles à leur chère province ne pêchent-ils pas par ignorance ? Bien des fois des lecteurs de mon ouvrage m'ont avoué : « Nous ne savions pas... »

Quant à un passé plus lointain il n'est pas facile de se replacer dans le contexte et les mentalités d'un temps révolu. Combien perfides les citations isolées qu'un choix partisan va picorer dans les archives : nous en avons eu des exemples dans une émission télévisée récente intitulée « Droit de réponse »... par antiphrase.

«EN PARTANT NOUS N'AVONS RIEN LAISSE...»

Ainsi divague Alain Vircondelet, ayant quitté à neuf ans Alger sa ville natale (2). Tout d'abord a-t-il jamais su que nous avons laissé une entité géographique réalisée pour la première fois dans l'histoire par nos ancêtres et qui leur doit jusqu'à son nom ? La Berbérie n'était en rien une nation, mais une mosaïque de tribus constamment en guerre entre elles. Ce sont souvent leurs divisions qui, par un appel aux troupes françaises, ont entraîné celles-ci plus avant.

Abd El-Kader lui même, auquel nous avions concédé un véritable protectorat sur l'Ouest algérien, lorsque ses ambitions s'étendirent vers l'Est, se heurta aux Kabyles et, vers le Sud, à la puissante confrérie Tidjaniya ; impossible à cet homme, si exceptionnel cependant, de parvenir à unifier ces provinces disparates en un royaume.

Moins encore eût-il pu y ajouter l'énorme part du Sahara, étrangère au Maghreb, en empiétant largement sur l'hinterland de la Tunisie et surtout du Maroc. Nul autre que le « colonialisme » n'a délimité artificiellement sur le Sahara une superficie de 2.381.000 km2, décuplant celle de la Berbérie, faisant de l'Algérie actuelle le dixième pays du monde par l'étendue et l'un des plus richement pourvus de trésors cachés sous les déserts.

On oublie aussi l'état dans lequel ont été trouvés les pays barbaresques en 1830. Les environs d'EI Djezaïr, le petit paradis rencontré près de Bougie par Saint-Arnaud, cité à l'émission de M. Polac, n'étaient que des îlots très sporadiques. Sur cet étroit territoire entre mer et désert, l'eau du ciel reste à la limite des cultures vivrières dans sa moitié occidentale. Partout si capricieuse, que le sol était ravagé tantôt par des inondations, tantôt par de longues sécheresses.

Grenier de Rome, ce territoire le fut très partiellement et, depuis lors, l'avaient dévasté les guerres intestines et les invasions de l'ouest et de l'est, en particulier les Bédouins refoulés d'Egypte au XIe siècle « détruisant tout sur leur passage, les forêts, les campagnes et les villes. Tout pays possédé par les Arabes est ruiné », écrivait au XIVème siècle Ibn-Khaldoun, le grand historien tunisien  et, pour finir, trois siècles d'occupation turque.

En même temps que la France « rendait sa liberté aux mers », elle délivrait à El Djezaïr les Maures brimés, les juifs humiliés, surimposés, exposés à être brûlés vifs, les captifs chrétiens — otages de l'époque — en esclavage, dans le bled les populations soumises à de lourdes charges sans contrepartie et, si elles s'y dérobaient, à de monstrueuses razzias. Seuls résistaient des Berbères dans leurs montagnes dissidentes, fiers de leur indépendance tribale.

Cette paix française, une fois chèrement acquise, après cent trente-deux années d'efforts acharnés, des militaires d'abord, puis des civils, nous avons laissé en toute gratuité — oui, Monsieur Vircondelet — de grandes belles villes et 700 villages, des logements privés pour un million de personnes, souvent tout meublés, 54 000 kilomètres de routes, 4500 de voies ferrées, 23 ports dont 3 parmi les français les plus actifs, 23 aéroports (celui d'Alger était le deuxième de France), des barrages irriguant 200 000 hectares, une agriculture moderne, quatrième productrice viticole au monde, première exportatrice des mandarines et clémentines, des industries, agro-alimentaire, bâtiment, engrais chimiques, tabac, papier, etc., une production électrique d'autant plus méritoire qu'elle avait paradoxalement, pour un tiers, une origine hydraulique, un réseau d'équipements sportifs et hôteliers de niveau européen...

L'Algérie était devenue premier client et premier fournisseur de la France.

Or, pendant très longtemps, les autochtones étaient demeurés en dehors des travaux des pionniers dans les villes et les campagnes.

A une mise en valeur aussi exceptionnelle allaient s'ajouter les forages du Sahara, auxquels leur participation fut minoritaire et subalterne, 1 milliard de tonnes de réserves de pétrole, 3.500 milliards de mètres cubes de gaz, assurant jusqu'au XXIe siècle la vie et la richesse des Algériens. Au moment où la France pouvait être dédommagée enfin de ce que lui avait coûté l'Algérie, elle en a fait abandon.

Ce trésor, nous l'avons aussi laissé, Monsieur Vircondelet.

Sans parler de tout ce que nous avons donné de nous-mêmes, sans distinction de personnes, à ce pays qui était aussi le nôtre, où nous n'avons pas laissé que des biens matériels.

UN GÉNOCIDE ?

C'est le terme ridicule et odieux qu'a prononcé, à l'émission déjà citée et « pesant ses mots » Daniel Leconte, né à Oran en 1949 d'où il est parti pour Paris en 1957, répétant ce qu'il avait écrit quelques années auparavant (3).

Nulle guerre n'est humanitaire. La suppression cruelle d'un réduit de résistance ou la tactique de la terre brûlée (souvent le fait de tribus antagonistes parmi lesquelles nos alliées), si atroces qu'elles fussent, ne sont-elles pas sans commune mesure avec les horreurs et les massacres des conflits modernes ?

Mais génocide signifie, que je sache, extermination délibérée de toute une population, comme celle des aborigènes en Amérique (hormis quelques réserves) ou en Australie. On pourra exhiber, datant de cette époque, des propos outranciers de cette espèce, mais sont-ils passés dans les faits ? Là est l'essentiel.



 Accroissement des populations en Algérie
Accroissement des populations indigène et européenne d'Algérie :
1 : Grande famine 1866-1868. - 2 : Première Guerre mondiale. - 3 : Seconde Guerre mondiale.

Or, loin d'avoir disparu, la population musulmane autochtone a quadruplé entre1872 et 1954, passant de 2 125 000 à 8 400 000; cet accroisssement démographique a précédé de plusieurs générations celui du Tiers-Monde, dont on situe le début seulement autour de 1945.

Certes, la suppression des guérillas locales et des famines y a contribué, mais plus encore les médecins qui se sont consacrés à préserver les santés et les vies des « colonisés ». Si brillantes au Moyen Age, les médecines arabe et juive avaient disparu de la régence où n'existait plus, en 1830, un seul hôpital.

Dès les premiers combats de Sidi-Ferruch les chirurgiens militaires offrirent leurs soins aux musulmans blessés. Par la suite, les 38 grands hôpitaux militaires édifiés en quinze ans s'ouvrirent aux autochtones. Se retirant peu à peu devant les médecins civils, les militaires continuèrent à assumer la santé publique des Territoires du sud et du Sahara. Ils contribuèrent grandement à combattre le paludisme grâce à la quinine instaurée par un des leurs, Maillot, en 1834 à Bône et, plus tard, la découverte à Constantine, par Laveran, de son agent pathogène, l'hématozoaire.

Les indigènes ont bénéficié à égalité, sans apartheid, de toute l'organisation médicale française : centre hospitalo-universitaire d'Alger, l'un des premiers de France, 30 000 lits d'hôpitaux en 1959 (programmés 48 000 pour 1964), Institut Pasteur d'Alger dirigé par les célèbres frères Sergent (nés dans le Constantinois) et un corps médical peut-être unique au monde, les « médecins de colonisation ».

Loin de tout et de tous parmi des populations d'abord réticentes, puis confiantes et d'une touchante reconnaissance, secondés plus tard par de remarquables infirmiers indigènes puis des « infirmières-visiteuses coloniales » européennes, disposant à la fin de 76 hôpitaux auxiliaires de 34 lits dans leurs 273 circonscriptions couvrant les 9/10 du pays, ils avaient à soigner près des deux tiers de la population.

Ainsi les épidémies avaient peu à peu disparu ainsi que des maladies comme la variole, la mortalité infantile régressé, les accouchements dramatiques étaient secourus. Et quand, a partir de 1940, se répandit une terrible endémie tuberculeuse qui menaça réellement les autochtones d'un génocide, elle fut jugulée en quelques années grâce à une coûteuse organisation hospitalière et médicamenteuse, dans l'effort de tous.

On ne saurait insister assez sur l'altruisme désintéressé avec lequel se sont dépensés sans compter les soignants, non sans lourds sacrifices. Des centaines de religieuses, dont les premières débarquant peu après 1830, avaient donné l'exemple de l'abnégation ; dans l'intérieur du pays plusieurs hôpitaux pour les indigènes avaient été fondés par le cardinal Lavigerie. A tous les échelons les équipes franco-indigènes constituaient des unités modèles.

Seule ombre au tableau : le petit nombre de médecins musulmans. Ce n'était pas faute d'incitations et d'encouragements : dès 1833 le célèbre médecin militaire Baudens avait ouvert pour les Maures et les juifs des cours à l'hôpital installé dans les jardins du dey. A la différence de ceux-ci, qui devinrent proportionnellement plus nombreux dans la profession que les Européens de souche, les musulmans s'avéraient plus attirés par d'autres carrières libérales, mais surtout pâtissaient d'un décalage dû à la résistance prolongée des familles, sur laquelle nous reviendrons, à rencontre de l'enseignement français.

Aujourd'hui :

« Du temps des Français (propos d'un employé d'hôpital en Kabylie à l'étudiant stagiaire anglais) c'était un hôpital et un vrai... Ah ! c'était le bon temps ! » (lan Young), Scènes de la vie privée de l'Islam, Alain Moreau, édit. 1979.

« On dit souvent qu'il faut soigner d'abord nos hôpitaux, ensuite les malades qu'ils accueillent... Il y a même des médecins et des professeurs qui ont tout bonnement estimé ne plus pouvoir exercer leur métier dans les centres hospitaliers comme celui de Mustapha-Pacha, tant les conditions d'hygiène y sont devenues intolérables. » (L'hôpital, ce grand malade, Algérie-Actualité, 28 octobre 1986.)

LES COLONS ENRICHIS PAR LA SPOLIATION DES TERRES ET L'EXPLOITATION DES INDIGENES ?

« Fortunes impures... » (J. Chaban-Delmas); « Le colonat avait dépossédé la paysannerie algérienne de ses terres » (livre d'histoire de terminale, Nathan édit.); « Les gros colons qui ont fait suer le burnous... Le gros colonat profiteur, l'ennemi plus encore que le F.L.N. n'est-il pas, en majeure partie, responsable de bien des maux ? » (Pierre Montagnon, officier, défenseur acharné de l'Algérie française), La Guerre d'Algérie. Pygmalion édit., 1984.

Pour en finir avec cette tenace légende, il est nécessaire de bien savoir qu'en 1830 les structures foncières du pays, ainsi que le travail de la terre, étaient très différents de l'Europe, et d'entrer dans des précisions un peu arides, si schématiques soient-elles.

Le pouvoir occupant et des notables turcs détenaient un fonds considérable, cependant des seigneurs autochtones possédaient de vastes domaines, confiés généralement à des métayers au cinquième (khammès). Par ailleurs, des legs religieux constituaient les biens dits «habous», inaliénables.

Et des surfaces étendues restaient en friche.

Après 1830 les terres turques furent dévolues aux Domaines. Il s'écoula peu d'années pour que les biens habous le soient aussi. Avec, en compensation, prise en charge par l'Etat des dépenses du culte : locaux et personnel de 442 mosquées au début de notre siècle, auxquelles s'étaient ajoutées 20 nouvellement construites.

Selon l'usage du temps, furent confisquées des terres de tribus rebelles coupables d'exactions réitérées en Mitidja, et surtout après la grande révolte de 1871 en Kabylie. Une partie sera par la suite rétrocédée ou rachetée.

Au total plus de 2 millions d'hectares revinrent aux Domaines.

A mentionner également des remembrements cadastraux autour des centres de colonisation, qui n'allèrent pas sans des réductions de superficie, compensées par des aménagements d'hydraulique ou de voies d'accès.

En revanche, à la fin du Second Empire, furent déclarées légalement propriétaires les tribus ayant jouissance traditionnelle de terres. Plus près de nous, des surfaces cultivables nouvelles s'ajoutaient grâce à la restauration des sols en pente (100 000 hectares en 1954, 1 million escompté en quinze ans), et par les forages sahariens, comme à Ouargla.

Sur les terres en sa possession l'Etat vendit ou, selon les époques, céda gratuitement des concessions aux colons français, très exiguës d'abord puis des surfaces plus importantes, ainsi que, surtout au Second Empire, et le plus souvent à des sociétés capitalistes, de très vastes étendues moyennant de lourdes charges pour le bénéficiaire, telle la construction du chemin de fer de l'alfa.

Par ailleurs des colons achetaient de gré à gré, mais freinés jusqu'en 1871 par l'autorité militaire ne les y autorisant qu'en territoire civil, lequel représentait alors le vingtième du pays. C'est après l'avènement de la République que, en voulant appliquer la règle française « nul n'est tenu de rester dans l'indivision », la « loi Warnier » porta le plus grave préjudice à la propriété familiale indigène, dont un quart passa en d'autres mains, pas toujours européennes. Emus par les conséquences désastreuses pour les autochtones, ce furent les colons eux-mêmes qui obtinrent, au bout de quelques années, l'abrogation de cette loi.

Répétons, d'autre part, que l'éthique musulmane se trouvait très éloignée des mentalités et des méthodes du cultivateur européen chez ces populations plus pastorales que sédentaires, paisiblement abandonnées à la volonté divine : aucun souci d'améliorer le rendement, les façons de culture ancestrales, un réel mépris pour le travail de la terre, confié si possible aux femmes ou à des khammès en quasi-servage.

Deux phases de la colonisation sont à distinguer : d'abord celle des pionniers aux souffrances indicibles, à l'effrayante mortalité, aux ruines sans nombre, dans les plaines marécageuses de la Mitidja ou de Bône, les maquis sahéliens de palmiers nains et de lentisques, les étendues arides d'Oranie. Ce ne sont pas les autochtones qui ont drainé, défriché, irrigué, planté, mais l'armée puis des concessionnaires français, souvent impréparés à de telles tâches, de rudes travailleurs espagnols, italiens et aussi des allemands et d'autres européens «émigrés de la misère». Par leur labeur héroïque les terres les plus abandonnées devinrent les plus fécondes.

Seconde phase : celle des cultures plus rémunératrices et raffinées requérant une main-d'œuvre abondante, la vigne puis les agrumes, les primeurs, assurant une certaine prospérité dont ont bénéficié les indigènes, se décidant à proposer leurs bras. Il fallut leur en apprendre les techniques et si leurs salaires n'ont pu atteindre d'emblée ceux des ouvriers européens, ils ont permis à de très nombreuses familles de vivre : un million et demi pour le seul vignoble, lequel employait dix fois plus de travailleurs que les céréales. Plutôt que de vilipender des colons prétendument enrichis en affamant les indigènes, il est plus juste de renverser la proposition : peu nombreux à faire fortune, ils ont assuré l'existence de beaucoup.

Au surplus, nombre d'entre eux y ajoutaient, en faveur de leurs ouvriers, des réalisations sociales peu habituelles à l'époque chez les propriétaires terriens d'Europe. Mais voici ce que rapportent d'une visite à l'ancien domaine d'Henri Borgeaud (1 200 hectares anciennement défrichés par les Trappistes), présenté comme type du gros colonat, les jeunes « Beurs » se rendant en Algérie pour un volontariat civil de quelques semaines : « Borgeaud, un colon qui avait établi un empire; les gars qui travaillaient là étaient comme des esclaves ; il avait sa propre monnaie. » (Dr Nacer Kettane, fondateur-directeur de Radio-Beur, Le sourire de Brahim, Denoël édit., 1985).

Probablement s'agissait-il de jetons donnant accès à la cantine scolaire ou à quelque autre réalisation ? Mais le Dr Nacer Kettane a l'honnêteté d'évoquer le sort d'ouvriers insatisfaits dans une coopérative agricole nouvelle... Lentement les rendements des céréales s'amendaient ; les surfaces des autochtones étaient passées d'un million d'hectares en 1850 à deux millions et demi en 1954 et de nouveaux pionniers européens étendaient le blé à des zones plus aléatoires comme le Sersou.

L'agriculture algérienne devenait très scientifique grâce à un institut agricole à Maison-Carrée en liaison avec l'Institut Pasteur, deux écoles régionales, sept écoles pratiques, qui réuniront en 1960 2 600 élèves dont 1 800 musulmans, alors que ceux-ci les avaient longtemps boudées.

En 1954 les Européens possédaient 2 750 000 hectares dont 600 000 de cultures dites riches, les indigènes 10 millions dont 4 250 000 arables. Parmi ces derniers, plus nombreux étaient les propriétaires de plus de cent hectares (8496) que les Européens (6587) et 8 000 Européens possédaient moins de 10 hectares...

Loin d'être spoliée l'agriculture indigène avait bénéficié de multiples encouragements. Mais toutes les tentatives de colonisation par les fellahs eux-mêmes s'étaient autrefois soldées par des échecs. Cependant, depuis 1880, les « sociétés de prévoyance » avaient peu à peu modifié l'esprit des cultivateurs. Coopératives et mutuelles, par lesquelles avait été transformée la situation des colons européens, les accueillaient eux aussi de plus en plus nombreux. A partir de 1936, une politique de paysanat fut mise en œuvre; dix ans plus tard des secteurs d'amélioration rurale assumaient le reclassement, la mécanisation de petits possédants qu'encadraient des conseillers techniques formés au séminaire de Rovigo, 150 en 1959, 1050 prévus en 1962. Ce n'étaient pas moins de 2 millions d'hectares qui entamaient leur transformation : une véritable réforme agraire.

Dans les dernières décennies les colons commençaient à céder la place aux indigènes, surtout dans le Constantinois et les vallées kabyles. Dès 1937 les achats de ceux-ci l'emportaient sur ceux des Européens : de 100 000 hectares au cours de 1954. Progressivement ils s'élevaient de degré en degré dans les domaines aux fonctions auxquelles les Européens les avaient initiés. Aujourd'hui, l'Algérie doit acheter trois fois plus de céréales qu'elle n'en produit, bien que deux tiers du vignoble aient été arrachés.

« Comment se fait-il que le colon français ait été capable de tirer 40 quintaux d'une parcelle de terre alors que toi tu n'en tires que 10 ? Serais-tu un quart d'homme ? », AlShaab, 8 juin 1956.

NUIT COLONIALE, GRISAILLE INTELLECTUELLE !

«La France n'a su ni voulu imposer l'enseignement obligatoire», P. Montagnon, op. cit. « Avant 1962 seulement 2 % des enfants musulmans apprenaient le français. », Pierre Branche, le Figaro, 15 octobre 1986.

Dans la Berbérie de 1830, seul existait un enseignement religieux, uniquement pour les garçons, en de nombreuses écoles coraniques, approfondi par quelques-uns dans des médersas ou des confréries (zaouias). En 1847, le duc d'Aumale, alors gouverneur, demanda vainement aux « tolbas » d'élargir leur enseignement à des connaissances profanes. Des écoles arabes-françaises furent alors ouvertes avec un certain succès : Coran le matin, et, l'après-midi, des matières de base en français.

Dans le même temps, des initiatives de dames françaises, puis de religieuses, s'efforcèrent d'attirer des fillettes musulmanes dans des ouvroirs, glissant à la faveur de travaux artisanaux quelques rudiments d'instruction, peu souhaités par les pères. La IIIe République voulut, en ses visées assimilatrices, uniformiser l'enseignement des garçons dans ses écoles primaires ; il y eut un recul des familles redoutant un détournement de leur éthique traditionnelle. Par contre, en Kabylie, des Jésuites, auxquels succédèrent des Pères Blancs et des Sœurs Blanches du cardinal Lavigerie, fondèrent avec succès des écoles adaptées. Elles inspirèrent les « écoles ministérielles » instaurées elles aussi en Kabylie, par Jules Ferry en 1881.

Alors commença une geste, comparable à celle des médecins de colonisation. A partir de 1891, à l'Ecole normale d'instituteurs de Bouzaréa, une « section spéciale » prépara à l'enseignement des enfants indigènes : en 1937 1 200 sectionnaires avaient été ainsi formés. Dans le même temps, des élèves-instituteurs kabyles étaient fraternellement admis, suivant la filière normale — près de 1 000 déjà en 1937.

Ces enseignants du bled accomplirent leur tâche avec une abnégation de missionnaires, dans de très rudes conditions matérielles et morales, ayant à convaincre des parents longtemps hostiles. Peu à peu ils devinrent tout à la fois, selon les termes d'un recteur, « instituteurs, infirmiers, agriculteurs, écrivains publics, guides et conseillers d'une population qui les a vénérés comme des saints ». Leur plus belle récompense était la reconnaissance de leurs écoliers, à nombre desquels ils insuffleront leur propre vocation.

Après une longue incubation, sans doute aussi à la faveur de la guerre de 1914-1918, durant laquelle soldats et ouvriers partis dans la métropole s'étaient familiarisés avec une civilisation farouchement récusée jusque-là, un retournement se faisait sentir. Il devint une ruée, des garçons et, avec un retard de quelques années des filles elles-mêmes. Dès lors s'engagea une course poursuite entre la marée démographique et la construction d'écoles, le recrutement d'enseignants. En 1960, 39,2 % des enfants musulmans étaient scolarisés (et non pas 2 %, Monsieur Branche, qui n'avez retenu que la décimale) sur les mêmes bancs que les petits Européens; non sans évidemment de grandes inégalités régionales : à Alger, Oran, près des trois quarts; dans l'intérieur du pays entre 40 et 15 %. Qu'on se représente les difficultés dans des douars reculés ou chez les grands nomades du Sud : il y eut même des écoles sous tentes !

La guerre d'Algérie, malgré la destruction de nombreux locaux, n'avait pas ralenti cette expansion, en partie grâce aux militaires des S.A.S. et aussi à des innovations originales comme les centres éducatifs. Ainsi Akbou, en pleine Kabylie, comptait 50 % d'enfants scolarisés en 1961. Désormais les filles aspiraient, non plus seulement à un enseignement ménager ou artisanal, mais à une formation professionnelle ou intellectuelle moderne ; une section féminine d'adaptation de l'enseignement fut mise sur pied dès 1949.

Pour les garçons était créé un enseignement technique ; il ne leur inspira guère d'attrait, considérant que l'instruction devait les mener à des carrières plus intellectuelles. Mais le long refus avait retardé de près de cent ans, si l'on compare à leurs contemporains israélites, leur ascension massive à l'enseignement secondaire et supérieur. Cependant le décalage allait se rattraper : effectivement le nombre des étudiants musulmans tripla en 1943 et 1955.

Complétant les possibilités offertes, les trois médersas créées en 1850 s'étaient ouvertes à une scolarisation partiellement française, pour aboutir en 1951 à leur transformation en lycées franco-musulmans, un établissement y étant ajouté pour les filles.

Leur accession à toutes les carrières est illustrée par un palmarès des originaires de Laghouat établi en 1950 : un avocat parisien, un interne des hôpitaux de Paris, cinq professeurs de lycée, deux professeurs de médersa, un directeur de médersa en Mauritanie, seize instituteurs, un imprimeur-éditeur à Alger, quinze officiers dont trois supérieurs, trois interprètes au Maroc. Au moins aussi féconde avait été la Kabylie. Parmi vingt-huit ingénieurs, l'un des deux polytechniciens, Salah Bouakouir atteignit le sommet de la hiérarchie administrative, directeur du Commerce, de l'Energie et de l'Industrie en 1954, secrétaire général adjoint pour les Affaires économiques en 1960.

Parallèlement, l'Algérie a suscité un véritable bouillonnement intellectuel et artistique. Comme l'avait prédit Ernest Renan, « l'exploration scientifique de l'Algérie sera l'un des titres de gloire de la France au XIXe siècle ». Chacun de ses chapitres s'orne de noms devenus célèbres : géographes et géologues, préhistoriens et historiens, archéologues romains et berbères (pas moins de douze musées d'archéologie à travers l'Algérie !), ethnologues, islamologues, arabisants, berbérisants... Le Gouvernement général donnait l'exemple, publiant au fil des années : Exploration scientifique de l'Algérie, 40 volumes. Collection du Centenaire, 37 volumes, Documents algériens, 300 plaquettes.

Douze sociétés savantes œuvraient de concert avec la Revue africaine qui publia durant cent six ans 500 pages annuelles. L'Université d'Alger, seconde de France, ajoutait aux chaires habituelles des enseignements et treize instituts concernant l'Algérie, l'Islam, le Sahara. Des musulmans lui apportaient leur concours, les Bencheneb, les Ben Sedirah, les Soualah, etc.

Et la Bibliothèque nationale, transférée en 1959 de son délicieux et inconfortable palais mauresque en un édifice admirable à tous égards, au centre de la capitale algérienne, alimentait par bibliobus 310 bibliothèques disséminées dans le pays.

Une presse très développée, des maisons d'édition fort actives (Jourdan, plus tard Baconnier, entre autres), des conservatoires à Alger, Oran, Constantine, faisaient une place aux musiques locales, une société férue de musique, visitée par les plus grands artistes, une architecture néo-mauresque aux intéressantes réalisations, constituaient un ensemble peu commun.

La beauté des paysages, la qualité de la lumière, l'originalité, la variété des types humains avaient inspiré de nombreux peintres, à commencer par l'école « Orientaliste ». Aidés par des mécènes locaux, trois importants musées des Beaux-Arts, chacun dans les principales villes, étaient complétés à Alger par une école des Beaux-Arts et par une « Villa Abd el Tif » recevant pour des séjours de deux ans deux boursiers peintres ou sculpteurs.

Dans l'épanouissement littéraire, à côté des « algérianistes », et de ceux qui cultivaient la langue nouvelle du petit peuple européen, deux noms restent célèbres : notre prix Nobel, Albert Camus, d'ascendance modeste, et Paul Robert, fils de colon qui, avant d'entreprendre l'œuvre immense de son dictionnaire, avait écrit une thèse sur la culture...des agrumes.

Grisaille intellectuelle ? Aucune autre province française n'a engendré un pareil siècle.

Témoignages nostalgiques d'aujourd'hui :

« Effectivement il existait une littérature très importante et très riche. Il y avait une très grande animation. Le niveau était très élevé. Alger était une grande capitale intellectuelle. Des Algériens collaboraient. » (Laadi Flici, El Moujahid, 26 juin 1985).

« Alger n'est qu'un gros village sans particularités, sans âme, sans identité. » (Meziane Ourad, Algérie-Actualité, 13-19 mai 1986.)

UNE ETHNIE ANNIHILEE ?

« Une bête immonde, du nom de colonialisme, était venue annihiler leur personnalité, leur identité, leur langue.  » (Dr Nacer Kettane, op. cit.)

Récusant évidemment « bête immonde » et aussi le terme « colonialisme  » totalement inadéquat à l'Algérie, dont on a pu nier qu'elle fût une colonie, à tout le moins différente de toute autre, « unique en son genre » selon l'expression de l'historien anglais Alistair Horne, nous allons tout de même réfuter les trois assertions qui précèdent.

Annihiler leur personnalité ? Si l'on entend par là les efforts accomplis pour donner à des populations demeurées dans un état médiéval, accablées par des siècles d'une occupation turque stérilisante, accès a la civilisation occidentale et en faire peu à peu nos égaux : peut-être... Mais n'aurions-nous rien fait dans ce sens, de quels reproches encore pires serions-nous abreuvés par ceux qui, à l'inverse, estiment que ce ne fut pas assez !

Certes notre civilisation, telle qu'elle a évolué, n'est pas en tous points bénéfique. Mais même sans notre présence durant plus d'un siècle, la Berbérie aurait-elle pu demeurer à l'abri du désir d'occidentalisation qui a gagné toute une partie du monde islamique ?

Les musulmans d'Algérie n'en avaient point pâti quant à leur personnalité. La société d'autrefois s'était modifiée par l'amenuisement des hiérarchies féodales et le développement d'une classe moyenne vivant dignement à l'européenne, ayant acquis à notre exemple le goût du travail, la prévoyance du lendemain, le sens des responsabilités.

Leur fidélité religieuse n'en était pas affectée pour autant. A l'abri de toute pression, les chrétiens, freinés d'ailleurs par la neutralité officielle, ayant rapidement renoncé à un prosélytisme actif, l'Islam maghrébin avait conservé toute sa spécificité. S'il a été combattu, ce fut par une autre fraction de l'Islam, le mouvement réformiste ayant pris origine, dans le début du siècle, au Proche-Orient, non exempt de connotations politiques.

Alors que rien dans l'Algérie « colonisée » ne pouvait influencer fâcheusement la personnalité autochtone, par contre il n'en fut pas de même dans la métropole, lorsque l'émigration devint nécessaire pour aider à vivre une population dont la prolificité excédait les possibilités nourricières du pays. Mais que devrait-on dire actuellement où les immigrés y accourent sans raison impérieuse ? La décolonisation ne les a-t-elle pas dotés des richesses sahariennes, grâce auxquelles ils pourraient vivre chez eux à leur aise ? A ne considérer que le souci très légitime de garder leur identité, ne serait-il pas préférable qu'ils demeurent dans leur cadre naturel ?

Car l'on peut comprendre le profond malaise, encore aggravé par la désinformation sur ce que fut l'Algérie française, éprouvé par cette génération dont fait partie Nacer Kettane, tiraillée malgré tout entre la patrie de ses aïeux et la forme de civilisation à laquelle elle a goûté.

Annihiler leur identité ? Certainement pas une identité nationale, bien au contraire suscitée par l'œuvre unificatrice des Français, qui aussi l'ont confortée en exhumant et mettant en valeur tout un patrimoine oublié, indifférent à ses héritiers : prospectant les vestiges romains, berbères et musulmans, explorant le brillant passé d'anciennes capitales, Tahert, Kalaa, Bougie, Tlemcen, collectant des manuscrits anciens, reconstituant la trame historiques de siècles obscurs et proposant ces découvertes à la connaissance de tous, étudiant les particularités religieuses, confréries, culte des saints, ainsi que les traditions berbères d'une antiquité préhellénique, recueillant ce qui persistait du fonds oral et encourageant leurs adaptations théâtrales, s'intéressant aux poèmes, aux chants, aux musiques arabes et berbères en sauvegardant leur intégrité dans les conservatoires, tout en les diffusant sur les ondes...

Les musées exposaient des pièces anciennes, tapis, tissages, broderies, dentelles, ébénisterie, poterie. Ces arts mineurs, si menacés de nos jours, avaient fait l'objet de patientes investigations, les tapis en particulier sur les lieux de production (Tlemcen, Guergour, Mzab), et un service de l'artisanat, compétent et rigoureux, veillait à la conservation des pures traditions. Il n'est pas jusqu'à l'enluminure qui n'ait été portée à un haut niveau et enseignée. Osant enfreindre les interdits religieux, quelques peintres musulmans commençaient à révéler leurs talents. Il ne semble pas qu'ils aient, a l'époque, perturbé des défenseurs inconditionnels de l'identité.

Annihiler leur langue ? Ce n'est pas dans notre Algérie que leur langue a été menacée, mais en France, chez les émigrés installés avec leurs familles. La seconde génération emploie moins volontiers l'arabe ou le berbère que le français, si même elle ne les ignore.

Au temps de la colonisation l'enseignement en français n'avait en rien nui aux langues locales qui continuaient à être couramment parlées, un peu moins le berbère : ayant perdu depuis des siècles son écriture, il n'avait pu être retenu comme langue administrative, alors qu'un tiers de berbérophones peuplait le pays.

L'arabe, enseigné en option dans le secondaire, pouvait être approfondi dans les medersas et, ainsi que le berbère, à la Faculté, en sa littérature et ses dialectes, auprès de maîtres de grande notoriété. De tout temps des Européens furent de fins arabisants, traducteurs arabes.

Radio-Alger diffusait régulièrement des émissions en arabe et en berbère et une presse en langue arabe n'avait cessé de paraître. Des musulmans d'Algérie parmi les plus éminents ont écrit leurs œuvres en arabe. Un exemple significatif est celui du cheikh Benalioua, dont les textes d'un niveau spirituel et intellectuel exceptionnel ont connu un rayonnement dans une élite occidentale, bien que très partiellement traduits encore en français et en anglais.

Une cohorte de romanciers, souvent des instituteurs, fit une brillante entrée dans la littérature francophone, le français leur apparaissant un meilleur mode d'expression et de diffusion; ils n'éprouvaient certainement pas, du moins la plupart, le sentiment de se dépersonnaliser en n'usant point de leur langue maternelle (souvent le berbère).

Le bilinguisme vers lequel tendait l'Algérie n'apportait-il pas un enrichissement sans nullement porter atteinte à l'identité ? Les Algériens d'aujourd'hui l'ont compris, qui n'ont pas éliminé le français de leur enseignement : la presse la plus importante continue à être rédigée dans notre langue ; et l'on est frappé par l'élégance et le raffinement du style des rédacteurs, que pourraient leur envier bien de leurs confrères métropolitains. Cette francophonie solidement implantée reste l'un des vestiges les plus tangibles de notre temps révolu.

Nous nous sommes limités à cinq contre-vérités parmi les plus grossières et les plus répandues. Il en est bien d'autres : en particulier les relations existant naguère entre les ethnies ne cessent d'être dénaturées par l'audiovisuel et l'imprimé.

Exemples : le film « La dernière image » réintitulé par Marie Elbe « La dernière caricature », ou encore, dans l'émission plusieurs fois citée, les termes, repris avec tant d'insistance, de D. Leconte (« rebut de la Méditerranée... colonie-dépotoir ») et de A. Vircondelet (« lie du peuple français, résidu de différents pays du bassin méditerranéen ») ont amalgamé, parmi les premiers arrivants, les parasites passagers des armées en campagne et des pays neufs avec les pionniers héroïques, semblant oublier que leur pauvreté n'était nullement synonyme de lie. Combien les téléspectateurs auront gardé l'impression que nous étions la descendance de méprisables aventuriers alors que nous nous honorons d'avoir pour ancêtres, outre les défricheurs d'avant-garde, les autres colonisateurs, honnêtes et courageux ouvriers, artisans, commerçants, fonctionnaires et militaires se fixant dans le pays — mille par an pendant de nombreuses décennies —, déportés politiques de 1848 et 1851 — peu cependant restèrent —, beaucoup de riverains de la Méditerranée occidentale, français et étrangers, d'autres aussi de province, plus éloignées, comme les Alsaciens-Lorrains en 1871, et de Suisse, d'outre-Rhin, toutes ces populations d'origines si diverses qu'une ou deux générations avaient fondues en une communauté européenne unie.

Entre elle et les communautés autochtones, contrairement à ce que l'on s'efforce d'accréditer, une symbiose exceptionnelle était en bonne voie de réalisation, les Français remplissant un rôle d'encadrement dont l'Algérie ne saurait se passer de sitôt, tout en respectant des fidélités à des modes de vie traditionnels.

Sur une telle cohabitation, la controverse, hélas ! n'a plus d'objet ; retenons seulement le plus convaincant autant qu'émouvant des témoignages : l'accueil unanimement chaleureux, fraternel, réservé à ceux qu'on appelle « Pieds-Noirs » par les Algériens d'aujourd'hui. Voici quelques années le pèlerinage des anciens d'Oranie à la basilique de Santa Cruz en fut un éclatant épisode irrécusable.

Il y a là de quoi surprendre, et peut-être faire réfléchir ceux qui n'ont pas eu le privilège de vivre dans l'Algérie d'alors, difficile en soi à se représenter telle qu'elle fut, et plus encore à travers son image entièrement faussée par la désinformation malveillante qui continue de sévir.

Pierre GOINARD.

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(1) C'est nous qui soulignons
(2) Alger l'Amour Presses de la Renaissance 1982
(3) Les Pieds-Noirs, Le Seuil, Edit. 1980.

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