NOCES
Premiers matins d'été,
aux voluptés sauvages, Quand l'aube à l'horizon
n'est que pâle lueur ; Délicates odeurs,
frôlements et rumeurs S'assoupissent fourbus dans
l'ombre du rivage. C'est l'heure du silence, où tout
reste en suspend, La nuit déjà n'est plus
qu'obscurité sans grâce, Le temps semble infini,
échappant à l'espace, La vie est immobile et
toute chose attend. Jailli soudain des flots, débauche
de lumière, Eclaboussant la terre et le ciel de
couleurs, Le soleil triomphant, incendiaire enjôleur,
Rend le monde à sa joie et son ardeur première. Les
parfums envoûtants d'armoise et romarin, Exaltent la
vigueur de toutes les stridences, De tous les chants
puissants, de toute l'impudence, Qu'un sensuel maquis offre
au nouveau matin. Instant unique et bref, offert à
l'innocence, Quand le ciel et la mer, n'étant qu'un
seul azur, Engendre la beauté de leur geste si pur,
Noces de feu et d'ors, de pourpre incandescence.
Giens le 14 avril 2002
|