LA MER DE NOTRE ENFANCE

La mer de notre enfance avait de tels reflets
Qu'elle a mis dans nos yeux des éclats de lumière
Et des sables si blonds, soyeux comme un duvet,
Qu'elle en mit aux cheveux des jeunes minaudières.

La mer de notre enfance avait tant de douceur
Qu'elle a fait naître en nous des trésors de tendresse
Et bercé nos amours, aux taches de rousseur,
Qui nouaient leurs cheveux en de mutines tresses.

La mer de notre enfance avait de tels rouleaux
Qu'elle brisait nos corps, usait nos énergies,
Nous rejetait fourbus, comme un vol d'étourneaux,
Souffle court et sans voix, nos ardeurs assagies.

La mer de notre enfance eut un tel goût de pleurs
Qu'il en demeure en nous un relent d'amertume,
Quand depuis un été, engourdi de chaleur,
II n'en est plus resté qu'une image posthume.

Le 23 août 2000