LA-BAS

La mer, toujours la mer, vient lécher les écueils,
Avec des lapements de bête apprivoisée,
Et ce frémissement qui trahit son accueil,
Quand la brise descend des collines boisées.

Midi brûle la terre et de lourdes senteurs
Embaument le maquis dont se vêt le rivage.
Le temps, comme accablé, s'avance avec lenteur,
Le présent, le passé, ont un même visage ;

A l'ombre du Chenoua, solitaire et massif,
Blottie au bord de l'eau, Tipasa la romaine
Mêle en ses dieux de marbre, impudents et lascifs,
Les rêves du Maghreb à l'odyssée humaine,

Et s'offre aux flots turquoise, alanguis de soleil,
Qui sommeillent au pied des colonnes antiques,
Avec ce ciel d'un bleu à nul autre pareil,
Qui triomphe là-bas, aux rivages d'Afrique.

Giens le 17 mai 1997