FEVRIER

Les mimosas fanés pleurent, sur les terrasses,
Les larmes de safran de chagrins méconnus.
Dans l'air froid et mouillé, le goéland qui passe,
Comme un ricanement lance un cri saugrenu.

Le vent qui m'ébouriffe et carde les nuages,
Telle une laine sombre éparpillée au ciel,
Courrouce un flot hargneux qui chambarde la plage,
Poursuit, à bout de souffle, un furtif arc-en-ciel.

Le jardin défleuri, comme un enfant maussade
Qui s'ennuie à mourir et boude sans raison,
Regrette les clartés de l'estivale aubade
Et les tons de pastel de l'arrière-saison.

Pourtant, bien que morose en écoutant la pluie,
Je songe qu'en cette ombre, où la vie a pris fin,
Une espérance vit qui semblait s'être enfuie,
Qui, de ce monde mort, va refleurir demain.

Giens le 4 février 2001